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François Hollande, le président de la République, est en Corse pour rendre hommage aux combattants de la liberté qui affranchirent l'île du joug de l'Allemagne nazie dès le mois d'octobre 1943. Il n'est pas le premier, parmi les représentants de l'État, à rappeler une telle antériorité dans la ...
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François Hollande, le président de la République, est en Corse pour rendre hommage aux combattants de la liberté qui affranchirent l'île du joug de l'Allemagne nazie dès le mois d'octobre 1943. Il n'est pas le premier, parmi les représentants de l'État, à rappeler une telle antériorité dans la campagne de reconquête du territoire national, Charles de Gaulle l'avait relevée en 1944, lors de sa venue à Ajaccio, et François Mitterrand devait le rappeler lors de son déplacement en 1993 pour le cinquantième anniversaire d'un tel fait d'armes.
Et quel plus grand hommage que de voir citer dans le préambule de l'appel à l ‘insurrection du Comité national de la résistance du 15 mars 1944 « l'exemple glorieux des patriotes corses ». Il est donc arrivé que la Corse indique le chemin.
Pourtant un certain malaise persiste quant à la méconnaissance de ce rôle historique par l'inversion des dates, comme si tout avait commencé par le débarquement de Normandie neuf mois plus tard. Ce qui fait dire à beaucoup que Bayeux fut la première ville et le Calvados le premier département libérés. Ce n'est vrai que pour la France continentale ; ce furent Ajaccio et la Corse s'agissant de la métropole. Et si l'on prend comme référence l'ensemble du pays, tel que configuré à l'époque, ce sont les trois départements d'Algérie qui en 1942 reprennent goût à la liberté.
Est-il donc si difficile de respecter cette chronologie et la mémoire de ceux qui l'ont écrite au sacrifice de leur vie ? Apparemment si. Car la libération de la Corse repose sur un acte d'insoumission, un peu à l'image de ce que fit l'homme du 18 juin lui-même en refusant l'armistice et la capitulation. La Corse décida d'ignorer les ordres des généraux de Gaulle et Giraud qui ne voulaient pas d'un soulèvement prématuré car, s'il était réussi, il risquait de donner le pouvoir civil aux seuls communistes.
Les résistants corses, communistes ou pas, passèrent outre ces calculs politiciens et l'armée fut à la remorque de cette indéfectible volonté et mise dans l'obligation d'intervenir de façon précipitée mais non moins efficace. Contre les dix mille soldats allemands en garnison, bientôt rejoints par la division SS Reichsführer qui se replie depuis la Sardaigne sous le feu des résistants.
Le 4 octobre au matin 1943, tout est joué : les Allemands, vaincus, évacuent Bastia. L'opération Vésuve a été menée à bon terme alors que l'opération Neptune, prélude du débarquement en Normandie, n'est encore qu'un vague projet.
Les Corses auront été vite en besogne : ils n'ont supporté la présence de l'occupant nazi, conséquence de l'invasion de la zone libre en riposte au débarquement allié en Afrique du Nord, que onze mois. Avec l'aide, certes décisive, des dix mille soldats de la France Libre dont les goumiers et les tirailleurs marocains et une partie des troupes italiennes en rupture avec leurs alliés d'hier. Une belle fraternité d'armes !
Mais cette page illustre de l'histoire contemporaine, nul doute que c'est au caractère éternellement rebelle de l'âme corse qu'on la doit. Au moment où s'empilent les jugements lapidaires sur l'île, chacun aurait intérêt à s'en souvenir.
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