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Costa Verde / Costa Serena
La Castagniccia donne à celui qui la visite, le sentiment de la Corse la plus profonde, la plus chargée d’histoire. La famille Gavini, le conventionnel Saliceti, Pascal Paoli et l’unique roi de Corse ont parsemé de souvenirs une route qui compte les grands couvents de l’île de Beauté.
La Castagniccia, c’est le pays des eaux thermales — les sources d’Orezza distillent une eau ferrugineuse délicieuse au goût et revigorante pour la santé —, de l’artisanat et de la gastronomie.
Ces deux activités se sont d’ailleurs développées autour du châtaignier. Les fruits de l’arbre-roi donnent toute leur saveur aux porcs qui courent les sous-bois. On retrouvera sur les meilleures tables les charcutailles typiques qui fleurent bon le maquis.
La farine de châtaigne est également à la base de plusieurs mets succulents, notamment la fameuse pulenta (polente) qu’on déguste accompagné de brucciu (brousse) ou de figatellu (saucisse typique).
La polyculture vivrière de la Castagniccia en fit la région la plus riche — ou du moins la plus peuplée — de l’île jusqu’à la dernière guerre. Vivant en autarcie, les villageois ont développé un artisanat élaboré dont certaines formes —la piperie, la vannerie et la poterie — subsistent encore.
Une visite au musée de Cervioni, capitale de la Castagniccia maritime, permettra de se faire une idée précise du passé prestigieux d’une région qui était parvenue à organiser, autour du châtaignier son arbre nourricier, une véritable micro-civilisation.
Au col de Saint-Antoine, sur la commune de Casabianca, c’est le choc des ruines du couvent de Sant’Antone. Fondé en 1420, il présente encore une masse imposante de murs, de couloirs, de cellules, mais il ne reste rien des fresques et de la décoration de l’ancienne église. Il connut son heure de gloire en 1755, lorsque Pascal Paoli y fut élu général de la nation.
En revanche, le couvent de Piedicroce est mieux conservé, sa destruction remontant à la dernière guerre, les Allemands l’ayant imprudemment utilisé comme dépôt de munitions.
C’est ici que fut adoptée, en janvier 1735, la première (la deuxième selon les Anglais) constitution démocratique du monde moderne. Elle étonna les Philosophes, notamment Rousseau et inspira la constitution américaine. Un tableau célèbre, signé Pissaro, contribue également à populariser le site.
Au col d’Arca Rotta, on aperçoit en contrebas le couvent d’Alesani où fut sacré roi, le 15 avril 1736, Théodore de Neuhoff, éphémère souverain de l’île. On admirera dans l’église, la Vierge à la cerise attribué à l’école siennoise. Plus près de la mer, assoupi à l’écart du gros village, on découvrira l’austère couvent de Cervioni qui abrite, l’été venu des activités culturelles.
Un peu d’histoire…
Castagniccia (1908)
Contrairement à ce que l’on croit généralement, la Castagniccia n’est pas une région naturelle. Elle ne forme pas non plus à l’origine une véritable région historique. Jusqu’au XIXe siècle, les cartes font état de la «province d’Accia» ou de la «juridiction de Bastia» sans réparer d’ailleurs la Castagniccia du Nebbio voisin ou de la vallée du Golo. Quant aux Génois,ils conçoivent une distinction «plage/montagne» qui distingue les pievi littorales de celles de l’intérieur et font grand cas des habitants de la pieve d’Orezza, région à partir de laquelle s’effectue l’essentiel des transports à l’intérieur de l’île.
Le nom de Castagniccia renvoie à l’existence d’une forêt de châtaigniers (la châtaigne, castagna en Corse, donnant son nom à la région), création anthropique s’il en est puisque existent des carnets de plantation des polloni de châtaigniers tout au long de la période génoise. Toutefois, même ainsi, le terme reste ambigu. Car, si tous aujourd’hui, parlent d’une véritable «civilisation de la châtaigne» il faut savoir que les habitants des pievi castanéicoles ayant leur piaghja soit sur le littoral de la MArana (Casacconi), de la Plaine Orientale (Casinca, Tavagna, Alesani, Moriani, Campoloro, Verde) ou dans la vallée du Golo (Rostino) y font du blé et que toutes pratiquent l’échange de leurs châtaignes avec le blé des régions environnantes, la pieve de Caccia, notamment, « l’Egypte de la Corse pour reprendre la phraséologie de Pascal Paoli. Très densément peuplée jusqu’au début du XXe siècle, la Castagniccia est considérée alors comme une région riche. En témoigne la profusion des édifices religieux, chapelles romanes, couvents et surtout églises baroques dont les clochers élancés émergent de la masse verte des châtaigniers (La Porta, Carcheto). Plusieurs de ces édifices ont participé directement de l’histoire de la Corse (Orezza, La Casabianca), particulièrement au XVIIIe siècle, une grande partie des leaders des Révolutions de Corse étant originaire de cette partie de l’île, comme Quilico Casabianca, les frères La Balagne de Castineta et surtout les Paoli, Hyacinthe et ses fils, Clément et Pascal, de Morosaglia. C’est aujourd’hui, avec l’exode rural et la fin d’un certain monde paysan, un quasi-désert humain. |
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Conseil de lecture (Cartes, guides, découverte, ...) |
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